Le Nouveau Directeur Général de l’ATIBT, Monsieur Benoit JOBBE-DUVAL et la nouvelle Coordinatrice ATIBT en charge des projets FLEGT, Jacqueline VAN DE POL, ont séjourné du 19 au 25 Octobre 2016 en Côte d’Ivoire.
Rappelons que le Directeur Général de l’ATIBT est un habitué de la Côte d’Ivoire pour y avoir séjourné et travaillé durant plusieurs années. Mme Jacqueline Lardit-Van-de Pol était à sa deuxième Mission en Cote d’ivoire. Sa présence en Côte d’Ivoire a notemment permis de finaliser la préparation de l’avenant que le SPIB avec l’appui technique de l’ATIBT, devraient soumettre à l’Union Européenne.
La mission de la délégation de l’ATIBT avec à sa tête son Directeur Général a été l’occasion pour elle de rencontrer les acteurs de la filière bois, notamment les membres du Conseil d’Administration du SPIB, Monsieur le Directeur de Cabinet du MINEF, SORO DOPLE, la Délégation de l’Union Européenne, les Industriels installés à Adzopé, le point Focal du processus APV/flegt et d’autres acteurs intervenant dans le monde forestier et agricole comme l’APROMAC et l’ONG AVSI.
La Délégation de l’ATIBT a exhorté le secteur privé à participer activement aux travaux de projets de rédaction des textes de décrets d’application du code forestier et de s’y impliquer fortement en tant qu’acteur majeur pour sa mise en oeuvre.
L’appui de la Délégation de l’ATIBT dans le cadre de la stratégie de la mise en oeuvre du projet UE et de la préparation de l’avenant d’orientation du projet a été primordial. A l’occasion de la visite de Monsieur le Directeur Général de l’ATIBT, il nous a fait l’honneur de nous accorder une interview.
L’ATIBT assure historiquement un rôle technique pour la meilleure connaissance des bois tropicaux, et aujourd’hui se penche particulièrement sur les questions de promotion d’un commerce durable, éthique et légal des bois tropicaux en tant que matière première naturelle et renouvelable.
Cette activité reste importante pour le développement socio-économique des pays producteurs, et elle est pour les pays consommateurs une source de matières premières destinées à de multiples utilisations industrielles que nous nous efforçons aujourd’hui de promouvoir au travers de nos différents programmes de travail.
Oui, la Côte d’Ivoire est membre de l’ATIBT depuis le 15 avril 2013, suite à une Convention signée entre le Ministère des Eaux et Forêts, le Ministère de l’Environnement, et l’ATIBT.
Il s’agissait avant tout de prendre contact avec notre partenaire du secteur privé, le SPIB, ses membres, et de rencontrer bien entendu les autorités du Ministère des Eaux et Forêts. Tout cela dans le but de nous intéresser au processus de négociation en cours sur le FLEGT, et plus généralement, de prendre part aux différentes ré flexions en cours sur l’avenir de la filière forêt bois de la Côte d’Ivoire. Il faut souligner qu’actuellement, la filière bois du pays est extrêmement affaiblie et préoccupée par son avenir, en raison de la dégradation de la forêt, mais également en raison de l’absence de vrai dialogue entre autorités et secteur privé, privant ainsi la filière d’une réflexion de fond sur les causes de son désarroi et sur les mesures qu’il serait urgent de prendre. Ce séjour a eu lieu conjointement avec la responsable du projet FLEGT de l’ATIBT, Jacqueline van de Pol.
Quels sont les acteurs que vous avez pu rencontrer ?
Du côté des autorités, nous avons principalement rencontré M. Soro Dople, Directeur de Cabinet de son excellence M. le Ministre des Eaux et Forêts, et une partie de son équipe. Nous avons aussi rencontré le point focal FLEGT, le Colonel Arafan Haidara Pour le secteur privé, nous avons rencontré le Secrétaire Général du SPIB, M. Boubacar Ben Salah, et certains membres du Conseil d’Administration du SPIB, comme M. Liverani (Tranchivoire), M. Decoleneker (STBO), M. Dassi, ainsi que d’autres responsables d’entreprises affiliées ou non au SPIB. Nous avons rencontré également Mme Daniel Rofi, chef de la Coopération de le DUE.
Je suis allé à Adzopé, rencontrer les industriels localisés dans cette localité ; je n’ai malheureusement pas eu le temps d’aller à San Pedro.
Je suis allé à Adzopé, rencontrer les industriels localisés dans cette localité ; je n’ai malheureusement pas eu le temps d’aller à San Pedro.
Avant tout, il faut de la cohésion. Les acteurs de la filière doivent se regrouper, mieux échanger entre eux, et travailler ensemble pour faire parvenir des messages clairs et constructifs aux autorités. Celles ci sont en train de réfléchir, et elles doivent associer sans tarder le secteur privé à ses propres réflexions. Ensuite, il faut prendre des mesures de sauvegarde du secteur. Il est nécessaire d’agir sur plusieurs fronts ; adapter la fiscalité aux possibilités réelles des en treprises ; mettre en place les initiatives permettant de reconstituer le couvert forestier en associant très étroitement les acteurs de la filière et en leur ga rantissant l’accès à la ressource qu’ils ont en partie constituée aussi avec leurs efforts.
C’est très clairement l’un des grands objectifs pour suivis. La lutte contre le bois illégal est nécessaire, car l’exploitation illicite est pour partie la cause de la déforestation. Par ailleurs, le travail actuel sur les textes d’appli cation du Code Forestier doit permettre d’avoir les bases nécessaires à la protection de l’existant, mais aussi à la mise en place d’une sylviculture qui doit être le fer de lance de la forêt cultivée de demain.
Intensifier la lutte contre l’exploitation, illégale tout en essayant de répondre aux causes de ce phénomène.
Le secteur bois ivoirien possède un outil industriel unique en Afrique de l’Ouest et Centrale, mais il manque de la cohésion entre ses acteurs. Je leur conseille de s’unir véritablement pour établir une charte commune, qui soit la base de leur développe ment, et permette de se faire entendre des autorités.
Ceci est une excellente chose, il faut souhaiter que les décrets d’application viennent répondre aux attentes des acteurs du secteur.
L’agriculture Ivoirienne est forte est diversifiée. Mais si nous parlons de la filière cacao, celle-ci est pour partie menacée en raison des modifications climatiques qui résultent de la dégradation de la forêt. Il faut donc privilégier les projets agricoles « zéro déforestation » et développer les initiatives cacao forêt, et agir ainsi conjointement sur les deux productions, qui doivent coexister et se développer en synergie.
Bien entendu, les énergies renouvelables doivent être développées, de manière à satisfaire pour partie les besoins d’une population en forte augmentation.
Cette mission m’a permis de reprendre contact avec la Côte d’Ivoire, pays que je connais, peu après mon arrivée à l’ATIBT. C’est un moment difficile pour notre secteur d’activité, mais je suis convaincu que nous sommes à un tournant et que de nouvelles initiatives vont être mises en place. Il est nécessaire d’agir rapidement, sous peine d’assister à la poursuite de la dégradation forestière, avec des conséquences qui iront bien aude-là de la seule filière forêt bois. Les autorités ont bien compris les enjeux, avec un objectif de reconstitution du couvert forestier à hauteur de 20%. L’ATIBT collaborera dans toute la mesure du possible pour aider le secteur privé à être acteur de ce développement. Mais le temps presse…